Loney Dear: Dear John

Dear Emil,

Si je t'écris aujourd'hui, c'est parce que je sais que tu es en tournée avec Andrew Bird en ce moment et que tu as donc sans doute vu qu'il recevait pas mal de lettres de mes collègues. Je ne voulais pas que tu sois en reste et je pense que tu mérites toi aussi qu'on t'écrive. Il se peut même que je te préfère à Andrew (mais ne lui dit rien s'il-te-plaît, il vient me voir fin avril et je ne voudrais pas que l'on se fâche).
Et pourtant j'étais un peu dubitatif au début à propos de ton petit dernier Dear John. A commencer par le premier titre Airport Surroundings, premier single très catchy mais assez surprenant avec son synthé genre film d'horreur des années 80 et ses attaques de violons (des samples que tu as piqué à Andrew Bird non?). Everything Turns To You est un peu dans la même veine, je commence à avoir peur que toi aussi tu aies succombé à la mode du retour aux années 80.
Mais heureusement tu reviens vite vers des morceaux très mélancoliques, calme au début puis qui s'emballe sur la fin, le schéma que tu adores et que tu réussis à merveille sur I Was Only Going Out (et ses sifflets à la... Andrew Bird, oui) ou Under A Silent Sea (et sa fin électro assez surprenante). Etonnant comme ce sentiment, la mélancolie, donne de si belles choses.

And I'm always sad, always something in the way
And I most don't like myself or what I do
Would you listen if I told you I was wrong
Would you take it back? Will you take it back?

Yeah I used to make you songs so easily
Things have turned so different from now
Cause I'm always sad and I always turn you down
Don't take me down, don't take me down.

Idem pour Summers ou Violent: pas de construction couplet/refrain, tu entres directement dans la chanson avant d'aller crescendo niveau volume, alors que les instruments toujours aussi variés s'accumulent au fil du morceau (harmonica, flûte traversière, vents et cuivres en tout genre, choeurs religieux sur Distant, le fan de pop d'orfèvre que je suis est encore gâté avec toi!).
J'ai senti un peu de l'influence d'Andrew Bird sur ton disque, mais ce n'est évidemment pas si étonnant que ça, tu tournes avec lui depuis 2007. Et on le retrouve d'ailleurs sur I Got Lost, titre très dépouillé où seul son violon et un fond vaporeux accompagnent ta voix mise très en avant ici (ainsi que sur Harm/Slow).
Comment résumer tout cela finalement? Ton petit dernier n'est sans doute pas ton meilleur album (Sologne reste à mes yeux intouchable), mais le plus complet, le plus varié à coup sûr. Le dernier? C'est ce que tu laisses entendre dans le livret promo et sur le dernier (magnifique) titre éponyme Dear John. Que signifie tout ça, cette "dernière pièce du puzzle", je ne le sais pas, mais sache que quoi qu'il arrive on restera toujours en contact.

Yours truly, Erwan.

Loney Dear: Airport Surroundings (mp3) via Polyvinyl records

En écoute sur Jiwa:

Dear John - Loney, Dear

Album: Dear John, sortie le 09/03 (déjà disponible en digital)