Jagjaguwar est un label indé qui a bon goût, on commence à le savoir par ici (Okkervil River, Bon Iver, Women, Julie Doiron, Sunset Rubdown, Minus Story et ils viennent même de signer un jeune groupe prometteur... Dinosaur Jr.). Mais c'est aussi un label généreux, j'en veux pour preuve ces trois titres du prochain album (le deuxième) de Swan Lake, Enemy Mine, offerts en téléchargement et qui donne une première (bonne!) idée de la chose. Pour rappel, Swan Lake est un supergroupe canadien formé (de gauche à droite sur la photo) de:
-Dan Bejar (Destroyer, The New Pornographers, Hello, Blue Roses) Swan Lake: Spider (mp3)
Ah non, il ne va pas encore mettre ce disque! C'est pas qu'il soit mauvais, mais c'est juste que je sais ce qui m'attend dans quelques minutes, je sais qu'il va encore recommencé.Au début, rien à dire: Grandma, folk lo-fi à la Moldy Peaches avec Violette Lapin au chant et à la composition puis My Family, autre direction du groupe, Joe Lapin aux commandes avec ce rock arty et ses guitares qui tâchent à la Velvet Underground. Non vraiment j'aime bien (et puis les lapins, miam). Jusqu'à Night Bird et son synthé tout pourri pas de souci (et puis les oiseaux moi, miam). Bon le côté mal joué, mal chanté, mal produit mais on s'en fout, ça ne plaira pas à tout le monde, mais ça reste quand même leur marque de fabrique aux Lapin Machin. Mais pour moi le vrai problème il arrive juste après, avec le sixième titre. Dès les premières secondes du morceau, il se tourne vers moi et me regarde avec son oeil bien malveillant et un sourire en coin du genre "Tu sais ce qui t'attends hein...". Le titre monte en puissance, et voilà que débarque le refrain, il entre dans le rythme et c'est parti il se met à me courir après comme un dingue et à me crier dessus "Shoot the CAAAAAATTT!!!!". Shoot The Cat, non mais ça va pas d'appeler un morceau comme ça! Je vais contacter la SPA moi! Lapin Machin: Shoot The Cat (mp3)
"Allez ouste toi!" Excusez-moi, c'est le chat. Mais qu'est-ce qu'il a fait comme connerie encore, il a marché sur le clavier et il y a plein de charabia sur l'écran. Vraiment... Bon, moi je voulais vous parler du deuxième album des français de Lapin Machin, We Don't Have a Car, qui est sorti l'an dernier de manière un peu confidentiel, autoproduction oblige. Comme je vois que l'on s'est déjà chargé de vous parler de la face A, je vais juste revenir sur quelques titres de la face B. Après Shoot The Cat donc, on enchaîne avec You Fall In Love, une petite chanson douce qui permet de reprendre son souffle après... enfin vous savez quoi maintenant. Guitare acoustique, toy piano et la jolie voix grave de l'invité Dick Turner qui amène aussi son trombone sur ce titre. On notera également un très beau Road Trip qui commence tout en douceur avant d'aller crescendo sur la fin. Un très chouette deuxième album "avec un effet megamoche sur la basse" (mais pas que!), que l'on se procurera au format vinyle+CD soit en contactant le groupe sur myspace, soit sur le site de Ground Zero, soit chez tous les bons disquaires indépendants, notamment Ground Zero à Paris et Blind Spot à Rennes. Et oui, on a à nouveau un vrai disquaire à Rennes, spécialiste dans le format vinyle surtout. Ils ont ouvert il y a moins de trois mois, alors allez y faire un tour, en plus ils sont sympas! (32 rue Poullain Duparc, plan ici). Lapin Machin: Road Trip (mp3)
Pour entrer dans ce premier album d'Arch Woodmann, il faut d'abord passer l'épreuve de son titre: Draped Horse Blue Licorne Argentée Feather Blue. Oui, ça fait peur, je sais. Mais restez, sa musique ne ressemble pas à ce que l'on pourrait craindre avec un titre aussi compliqué.
Ou pas totalement alors. Car le français Arch Woodmann mélange habilement sur ce premier effort influences post-rock (qu'il tient d'un passé de batteur dans un groupe de ce style)(style auquel je pensais en découvrant le titre) et ambiance folk. Le même genre de mélange que réussissent à faire les canadiens de Broken Social Scene par exemple, groupe qui vient de suite à l'esprit sur l'introductif Hunter! ou sur All Parades & Marches avec sa guitare électrique dans le fond et son emballement final.
De l'autre côté, on découvre un folk souvent mélancolique et dépouillé, avec une clarinette assez présente (You Couldn't Be Anyone) ou un lit de vents pour la délicate Penfriends. Et en symbole de cette ambivalence, le titre We Were Hunters qui reprend le morceau d'ouverture sous la forme folk.
Ça y est, il arrive, il approche, l'album le plus attendu de l'année (ah non? pas par vous?) sera dans les bacs le 10 mars (sortie chez Dead Oceans). Grrr... est le troisième album des américains de Bishop Allen, après Charm School en 2003 et The Broken String en 2007 (qui compilait le pharaonique EP Project de 2006). En attendant la sortie de l'album, on peut aller faire un tour sur le tout nouveau tout beau tout neuf site officiel du groupe. Les deux premiers extraits de Grrr... y sont disponibles en mp3s. Verdict: Miam!
Paris, 31 janvier 2009, conférence de rédaction des bloggeurs "Bon, ça ne peut plus durer, le nouvel Animal Collective est à peine sorti et il est déjà consacré comme album de l'année. Les Inrocks en ont fait un foin pas possible, Pitchfork leur a déjà décerné la plus haute note de l'année... Il va falloir faire quelque chose, sinon on va encore nous accuser de toujours faire dans le consensus mou et de n'être pas plus original ou indépendant que la presse papier." Regards dubitatifs dans la salle. ... "En gros, qui s'y colle pour tacler Merriweather Post Pavilion? Cécile, Twist et l'équipe de DODB sont exemptés d'office puisqu'ils l'ont déjà chroniqué (et en ont dit le plus grand bien évidemment). Coolbeans est rendu à la lettre D sur A Tombouctou, donc c'est trop tard aussi. Indie-Boy est toujours porté disparu, Dragibus peut-être? Animal qui tu me dis? Ok... KillMeSarah en aurait dit le plus grand mal j'en suis sûr, mais il est trop occupé à nous raconter ses histoires de vieilles 2CV ou de ciel bleu sous la pluie sur le pont à travers le pare-brise. Quant à Lyle, il ne s'abaisserait pas à nous parler d'un groupe connu de plus de 12 personnes au monde (en comptant les membres de la famille du groupe). Non là je n'en vois plus qu'un pour faire le sale boulot..." Tous les regards se tournent vers la même direction. ... "Moi? Non mais vous rigolez? J'adore Animal Collective! Leurs deux derniers albums ont fini dans mon top 10, il n'y a aucune raison que ça change non? _Désolé, le conseil a tranché, tu vas devoir t'y mettre. Et tu connais évidemment les sanctions en cas de refus de suivre les ordres du conseil..."
Ecouter du Grégoire et seulement du Grégoire jusqu'à la fin de sa vie, ça force à réfléchir... Je suis donc dans l'obligation de vous apprendre que le nouvel Animal Collective annoncé comme l'album de l'année, voire de la décennie, annoncé comme le meilleur de leur (déjà bien fournie) discographie, est la plus grosse déception de l'année. Et je me dois de vous le dire, trompés que vous êtes par tant de battage médiatique autour d'un groupe qui n'en demandait sans doute pas autant. Mais cet album n'est-il pas plein de petites pépites folko-électro-psychédéliques comme le groupe en a le secret?, me demanderez-vous. Certes, de pépites il est question ici, mais en très faible quantité... Il va vous falloir tamiser pas mal pour vous débarrasser du sable et du gravier avant de tomber dessus. Pour un Bluish, merveille pop que l'on rêverait d'entendre à la radio, combien de Also Frightened pas inspiré, de Daily Routine et ses affreux synthé qui font mal à la tête? Pour un Brother Sport en clôture d'album, il faudra d'abord passer les épreuves que sont des Guy Eyes et Taste très banals, un No More Runnin trop mou, qui fait retomber la pression avant la fin. Et encore, après tout ça vous n'aurez même pas droit à un Brother Sport de cette puissance, mais à sa version studio beaucoup plus sage. Mais heureusement il y a My Girls. La chanson de l'année. Oui, déjà. La meilleure chanson de la discographie d'Animal Collective. Les Beach Boys époque 1966 avec les moyens techniques de 2009. Une chanson qui aurait pu sans souci figurer sur le meilleur album d'Animal Collective, qui n'en ait pas un, Person Pitch de Panda Bear. L'honneur est sauf, je ne regrette pas mon acquisition.
