mercredi 28 mars 2007

Deux disques de Ouf!


A peine remis de mes émotions de la semaine dernière, je pense qu'il est temps de revenir à l'activité principale de ce blog: la bonne vieille chronique de disque (et le jeu de mots louche...).

Aujourd'hui direction la côte Ouest des Etats-Unis, où le soleil frappe fort, ce qui peut avoir de graves conséquences sur les habitants du coin, surtout s'ils sont musiciens. La preuve avec Menomena (Portland, Oregon) et Deerhoof (Oakland/San Franscisco, Californie).

Menomena d'abord, et leur pop bordélique partant dans tous les sens. Une musique à la fois vraiment unique et identifiable tout de suite, mais aussi remplie de plein de références anciennes (Beach Boys, King Crimson, Pink Floyd) ou plus récentes.
La voix ou le style de certaines chansons rappellent un autre groupe friand de pop psychédélique, Super Furry Animals: le titre introductif Muscle'n Flo, Air Aid ou encore Ghostship. Sur l'intro de The Pelican, impossible de ne pas penser à Man Man, alors que le titre suivant, Wet And Rusting, n'aurait pas dépareillé sur Plans: mélodie grandiose, guitare claire, grosse rythmique, voix puis choeurs tout en douceur, tout le style caractéristique de Death Cab For Cutie est là.
Menomena utilise beaucoup les ordinateurs pour composer, enregistrant des sons qu'ils samplent ensuite en boucle: Weird, titre vraiment.... bizarre, en est le meilleur exemple. Avec eux on est toujours sur le fil du rasoir, quand on sent qu'il peut (va) se passer quelque chose à tout moment, comme sur le final de Rotten Hell. On pense alors qu'ils nous ont fait voir toute leur panoplie, mais ils nous surprennent encore avec Boyscout'n, ses sifflements et ses cuivres, ou enfin Evil Bee, assurément le morceau le plus bordélique (et donc mon préféré).
A noter aussi que l'artwork de la pochette, signé Craig Thompson, est absolument magnifique: par des effets de découpage dans le livret, on peut changer la couverture en tournant le cd sur le support. Il y a même quatre couvertures différentes si on change le pliage du livret.
En bref, un bon challenger face aux poids-lourds cette année, s'il arrive à tenir douze rounds/mois.

Menomena: Wet And Rusting (mp3)
Menomena: Weird (mp3)
Menomena: Evil Bee (mp3)

Album: Friend and Foe



Deerhoof ensuite, et leur rock tout aussi bordélique, marqué par le contraste entre la musique et la douce voix à l'accent nippon de Satomi Matsuzaki.
Autant le dire tout de suite, je n'accroche pas trop à ce style: trop brouillon, on a un peu l'impression que l'album tourne en rond, avec une succession de pastilles psychédéliques. On retiendra quand même quelques titres au dessus des autres, comme le single +81, avec son intro à la trompette et les textes mélangeant anglais et japonais.
Whither The Invisible Birds?, titre très calme et atypique, est acceuilli avec joie, permettant de briser le cercle vicieux qui s'installait sur les morceaux précédents. Sur Matchbook Seeks Maniac, on se dit: "enfin une mélodie, de la construction, quelque chose qui ressemble à une chanson quoi!".
L'album se termine sur Look Away, long titre quasi-instrumental de 12 minutes, entre post-rock et prog-rock, qui me semble un peu superflu (mais sans ça l'album durait 25 minutes alors...). Franchement, on est content quand ça s'arrête.
En bref, KO dès les premiers rounds. Par contre, je dois avouer que je découvre le groupe avec cet album, 9e de leur discographie, et donc que ce constat sévère n'est pas du tout mis en perspective par rapport aux disques précédents (euh... c'est français cette phrase?!).

Deerhoof: +81 (mp3)
Deerhoof: Matchbook Seeks Maniac (mp3)

Album: Friend Opportunity

vendredi 23 mars 2007

ARCADE FIRE - OLYMPIA 19/03/07


Enorme. Magique. Envoûtant. Mystique... Vous avez sans doute déjà vu tous ces superlatifs dans d'autres reviews de ce concert d'Arcade Fire. Alors je vais casser tout de suite le suspense (pour peu qu'il en restait encore...): oui cette soirée a été énorme, magique, envoûtante et mystique.
En arrivant devant l'Olympia, en avance avant l'ouverture des portes, on a d'abord droit à un spectacle plus terre à terre: la revente des places au marché noir. C'est parfois assez chaud entre vendeurs et acheteurs, j'ai presque cru qu'on allait assister à un meurtre à un moment!
"T'aurais pas une place à vendre? _ Euh non désolé je crois que je vais la garder ma place..."


Les portes s'ouvrent enfin et je retrouve Cécile, Jerrymill et Toto. Une petite heure bien sympa pour faire connaissance en attendant la première partie assurée par Electrelane. Entrée assez timide des 4 filles de Brighton, sans doute peu habituées à être devant un public si nombreux.
Electrelane déroule son jeu, entre rock furieux assez immédiat genre Pixies et titres plus expérimentaux, bruitistes genre Sonic Youth, avec morceaux anciens (3 albums au compteur) tels que Bells ou Eight Steps et extraits du prochain album, No Shouts, No Call (sortie le 24/04).
Aprés un début assez calme, leur show se termine sur un petit moment de folie, avec les distorsions de guitares de Mia qui se couche sur son ampli. Une entrée en matière plutôt énergique.


Mia en action sur l'ampli (mais si... avec un peu d'imagination vous le verrez ;)


Après une demi-heure d'entracte assez malvenue, qui fait un peu retomber la pression, il est temps pour Arcade Fire d'entrer dans l'arêne. Oui dans l'arêne et non pas sur scène, car grâce semble-t-il à La Blogothèque, on a droit à un Concert à emporter en direct, à quelques mètres de nous seulement! La tension monte, la foule est en ébullition, on aperçoit les perches des micros et des caméras: oui le show va commencer dans le public!
Win Butler entame alors Wake Up en acoustique, aidé tout de même d'un mégaphone pour se faire entendre dans ce chaudron. Puis brusquement: "BOUM BOUM", un bruit de grosse caisse venant de la scène, et Will, le frère de Win, se joint à la fête pour donner une autre dimension à ce moment de pur magie.



Le groupe monte ensuite sur scène, au milieu des néons, projections lumineuses et vidéos (par moment le concert est projeté en direct sur l'écran derrière la scène). Et ça commence très fort avec Black Mirror, titre introductif de Neon Bible, ici débarrassé de ses artifices de studio qui l'étouffait un peu, et qui prend donc une autre ampleur, d'une puissance incroyable. Suivent deux nouveaux titres, Keep The Car Running et No Cars Go, pour un début de concert sur les chapeaux de roue (c'est le cas de le dire ;), intense et épuisant (faut vraiment que je reprenne le sport je crois...).



C'est ensuite Régine qui assure le chant: Haïti, une reprise de France Gall avec Poupée de Cire, Poupée de Son déjà jouée par le groupe sur les shows précédents et Black Wave / Bad Vibrations, l'un des moments forts de Neon Bible, où Win prend le relai au chant sur la fin du morceau.




Après cela, un moment de calme n'est vraiment pas superflu, permettant au groupe et au public de souffler un peu: Win se place derrière l'orgue pour My Body is a Cage, suivi de Neon Bible et Ocean of Noise, soit les trois titres les plus calmes du dernier album (The Well And The Lighthouse vient tout de même s'interposer entre ces 3 titres).
Repos de courte durée: la fin du set est absolument monstrueuse: Rebellion (Lies), Neighborhood #1 (Tunnels) et Intervention; la foule est en délire, le sol tremble sous l'effet des sauts (d'ailleurs l'élasticité du sol de l'Olympia est vraiment géniale, on se croit sur un trampoline!).

Régine à l'orgue et Win à la guitare acoustique sur Intervention


On reste sur le même rythme pour le premier rappel avec Neighborhood #2 (Laika) et Neighborhood #3 (Power Out): les chansons de Funeral sont définitivement taillées pour la scène. Alors que le groupe a quitté la scène, la salle continue à chanter pendant quelques minutes. Fin du concert, les lumières se rallument et la salle commence à se vider tout doucement. Mais la tension est toujours là, l'adrénaline a du mal à baisser, on sent qu'il peut encore se passer quelque chose.
Grondement de la salle, tout le monde retourne vers la scène: ils sont de retour! Win arbore un haut de survêt bleu très seyant, preuve que ce deuxième rappel n'était pas prévu au programme. Et c'est donc In The Backseat, titre qui clôture Funeral, qui conclue cette soirée extraordinaire...


Les autres reviews de la soirée: ici et et puis aussi par là
Et aussi celle(s) du 20/03: ici
(Je mettrais à jour au fur et à mesure)
Et par là, Indie-Boy a reconstitué les deux concerts avec Dailymotion/YouTube: 19 et 20 mars

EDIT: Bonne nouvelle-> et là vous comprenez tout!!!
Mauvaise nouvelle-> annulation de la fin de la tournée européenne (dont Lille, Lyon et Bruxelles)

Vous le savez sans doute déjà: cliquez sur les photos pour les agrandir

[Merci à Cécile, Jerrymill, Toto et Distance Has The Way (même si ce fut bref Distance ;) pour cette soirée]

vendredi 16 mars 2007

The Breton Invasion



Juste un petit mot pour faire la promo des rennais de My Lullaby, dont j'avais déjà parlé ici. Ils donnent donc trois concerts parisiens ce week-end, avec tous les détails sur le flyer ci-dessus (cliquez dessus pour l'agrandir).
Pour les avoir vu en live dans un bar rennais, je peux vous dire que ça déménage, n'hésitez pas. Pour le coup je remets les trois titres déjà proposés précédemment:

My Lullaby: Sleep with the sun (mp3)
My Lullaby: Natacha (mp3)
My Lullaby: I wish (mp3)

Quant à moi, je prends la relève le 19 à l'Olympia. Enfin je crois que c'est plutôt Arcade Fire qui sera sur scène mais bon... on verra ;-)
My Lullaby sera ensuite de retour vers chez moi pour le festival Top of the Folk, le 29 mars au Jardin Moderne.

mardi 13 mars 2007

BASM



Les BASM, bombes à sous-munitions, sont de grosses bombes remplies de plein de petites bombes libérées lors de l'impact au sol. Non seulement les dégâts sont énormes au moment de cet impact, mais en plus certaines bombes n'explosent pas tout de suite et se transforment ainsi en mines anti-personnel. Les BASM ont notamment été utilisés récemment par Israël lors de la guerre contre le Liban, en 2006.

Liens:

Si tout le monde se mobilise, cela permettra sans doute l'interdiction des BASM. C'est de cette façon que les mines anti-personnel ont été interdites en 1997. A l'époque, dix réalisateurs de renom avaient réalisé un court-métrage sur le sujet: voici celui de Mathieu Kassovitz (3 min., âmes sensibles s'abstenir...).



[PS: Je sais, ça casse l'ambiance...]


vendredi 9 mars 2007

Savoir tourner la Page (France)


Non, vraiment, décidement je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à me résigner à ranger ce disque sur son étagère, tellement c'est bon, tellement il squatte ma platine depuis des semaines, tellement je ne m'en lasse pas.
Pourtant il y a une belle place qui l'attend, entre The Paddingtons et Pajo. Rock anglais énervé d'un côté et folk américain calme de l'autre, il ne devrait pas s'ennuyer. Mais je sais qu'une fois rangé, il ne bougera pas de là pendant des semaines, voire des mois... La dure loi des incessantes sorties de disques qui pousse un disque à peine écouté vers la sortie...


Oh dear soul,
We gather in the wind,
Clap your hands, it's all just like they said
And how good it is to be with you again
Clap your hands, it's better than they said

Oh dear soul,
We're caught up in the trees,
Look at me and tell me what you see
Praise to you, praise to me
Oh dear soul,
You blow just like the leaves
And they glued us in forever
Just like they said they'd do
So we will stick together
Praise to me, praise to you

Oh dear soul,
I owe you to the breeze,
Take my hand,
There between your teeth,
And hold on hard, you don't need to speak
Praise to you, for giving praise to weak...

Cet album c'est donc Hello, Dear Wind, deuxième disque des américains de Page France. Page France c'est une musique simple, un folk très mélodique qui s'appuie surtout sur une guitare acoustique et la voix particulière de Michael Nau. Page France ce sont aussi des textes qui parlent souvent de religion, de spiritualité, faisant de ce groupe un des leaders du Christian Rock américain, mouvement auquel on associe aussi souvent Sufjan Stevens. Que les athées (comme moi) se rassurent, la perfection de la musique fait vite oublier certaines formules un peu "niaises" (voir ci-dessus).

Page France: Dogs (mp3)
Page France: Goodness (mp3)

Le prochain album de Page France est prévu pour le 8/05. Il s'appellera ...and the Family Telephone et en voici un extrait:

Page France: Hat and Rabbit (mp3_via Suicide Squeeze Records)


dimanche 4 mars 2007

De l'importance du titre d'ouverture


Clap Your Hands Say Yeah: Some Loud Thunder (mp3)
(A écouter en lisant le paragraphe qui suit, pour ceux qui ne connaisse pas)

Mais non! Arrêtez! Qu'est-ce que vous avez fait? Pourquoi avoir jeté les enceintes de votre chaîne hi-fi/PC par la fenêtre? Le son cramoisi? Mais c'est normal ça: on appelle cela un effet artistique...
Chanson parfaite+son pourri=deux réactions possibles: un rejet d'office ou une adhésion totale. Je penche plutôt pour la deuxième solution. Ce morceau d'ouverture est absolument irrésistible, surtout sur les dernières secondes (à 3:08 précisement le titre prend une autre dimension).
Tout l'album avec ce son? Ca aurait été génial! Commercialement suicidaire, mais génial.

Donc le reste de l'album n'a pas ce son, rassurez-vous (à part sur Arm & Hammer peut-être, avec un souffle au début puis le même son cramé). Mais ça reste du grand art au niveau qualité des compositions: si Emily Jean Stock et Yankee Go Home sont assez classiques et restent dans le genre du premier album de CYHSY, les autres titres sont assez novateurs, parfois surprenants, parfois juste parfaits.
Mama, Won't You Keep Those Castles In The Air & Burning?: superbes guitares pour ce titre tout en douceur. Goodbye To The Mother & The Cove: l'un des plus beaux titres, avec ces superpositions de guitare/basse/clavier/piano sublimes avant le final à la rythmique militaire. Five Easy Pieces: un final de toute beauté, 7 minutes d'onomatopés incompréhensibles (pas du tout ce qui est écrit dans le livret) sur une mélodie magnifique.
Et puis il y a Satan Said Dance... Un sacré morceau, qui vous envahi la tête et vous secoue le cerveau pendant 5 minutes avant de vous le rendre en petits morceaux! Dur dur, en écoutant ce titre dans la rue avec son iPod, de se retenir de crier SAID DANCE!

CYHSY: Mama, Won't You Keep Those Castles In The Air & Burning? (mp3)
CYHSY: Satan Said Dance (mp3)

Album: Some Loud Thunder



The Shins: Sleeping Lessons (mp3)

Bruits de pas... Synthé au son aquatique... Voix d'un James Mercer fatigué... Putain ils ont vraiment changé de formule The Shins! Tiens la voix se fait plus offensive, la guitare acoustique monte doucement en puissance... Et à 2:25 tout explose et on retrouve les Shins comme on les aime: mélodie parfaite, rythme entraînant, l'album est lancé.

La suite est tout aussi tonitruante: le (bizzarement pas premier) single Australia est juste irrésistible, et s'enchaîne sur le premier single Phantom Limb (avec juste un interlude ultra court et assez spécial...), titre ravageur qui clôt ainsi un début d'album énorme (car après ça se gâte un peu...).
A la première écoute de Sea Legs, on se dit "C'est quoi ce truc?!", et après on l'apprivoise un peu, sans toutefois l'adopter totalement (le synthé final est quand même vraiment affreux). Arrive ensuite Red Rabbits: heu... même chose que le titre précédent, c'est quoi ce synthé de m****?! Et là... arrivée de la guitare acoustique, voix crescendo, ils nous refont le coup de Sleeping Lessons mais là ça ne marche pas, faute d'envolée finale.
Après ces deux ratés, la suite est plus classique: Turn On Me et Girl Sailor sont dans le pur style The Shins. Sur Split Needles, on retrouve enfin les sommets du début de l'album avec cette rythmique monstrueuse, avant un final tout en douceur sur A Comet Appears: chants d'oiseaux, cor, bouzouki, lap steel, hammer dulcimer...

The Shins: Split Needles (mp3)
The Shins: A Comet Appears (mp3)

Album: Wincing The Night Away